GUERRE de CRIMEE, seuls les jeux s'en souviennent ?
La guerre de Crimée (1854/1856) , première guerre "moderne" du XIXème siècle est bien tombée dans l'oubli, après avoir été honnie par l'historiographie de la IIIème République. Pourtant cette victoire diplomatique et militaire va réintroduire l'Empire Français dans le jeu politique des puissances européennes...
C'est un jeu de loto de l'éditeur Rousseau qui nous permet d'évoquer ce conflit, avec ses 18 cartons illustrés sur le thème des principaux évènements militaires de la guerre opposant l' Empire Russe au tout jeune Empire Français, allié aux Anglais en soutien aux Ottomans. Le conflit avait pour prétexte le contrôle des lieux saints , catholiques et orthodoxes s'en disputant la fréquentation..Le 27 mars 1853 France et Angleterre déclarent la guerre à l'Empire Russe, et les flottes entrent en action :
La première grande bataille est celle de l'Alma qui se déroule le 20 septembre 1854; au cours d'opérations assez confuses les zouaves de "l'armée d'Afrique" issus d'Afrique du Nord vont jouer un rôle décisif en ayant pu contourner la défense russe et s'emparer de leurs canons;
Pour commémorer la participation des zouaves à cette guerre il reste la statue de Georges Diebolt érigée en 1856, fixée sur un pilier du pont de l'Alma à Paris .Les autres armes (chasseurs à pied, artilleurs et grenadiers avaient leurs statues sur d'autres piliers mais ont du être déplacées) .
Le siège de Sébastopol sera l'épisode principal de la guerre de Crimée; il durera onze mois,d'octobre 1854 à septembre 1855. Le choléra,le scorbut et autres maladies y feront de nombreux morts...
Aux portes de Sébastopol, c'est la prise de la Tour Malakoff qui sera décisive; c'est là que Mac-Mahon aurait prononcé le fameux "j'y suis, j'y reste!" :
En France et en Grande-Bretagne les opinions publiques étaient informées de la situation militaire grâce aux journaux qui publiaient chaque jour des comptes-rendus du front, accompagnés pour la première fois de photographies réalistes prises par les correspondants de guerre. Plus traditionnellement ci-dessous c'est une belle peinture d' Adolphe Yvon qui nous montre Mac-Mahon et ses zouaves en haut de Malakoff :
Sur ce tableau un zouave tient fièrement la bannière française, aux côtés de Mac-Mahon qui salue les troupes victorieuses...sur l'illustration de notre jeu la victoire semble moins partagée, et, soit intentionnellement soit par simplification, il n'y a plus de zouaves sur le piton rocheux :
Avec la chute de Sébastopol l'on a cru la guerre terminée, mais le nouveau tsar Alexandre II n'était pas prêt à accepter la défaite; les troupes durent passer un second hiver dans la neige, et 30.000 de nos soldats périrent du typhus et du choléra :
Le traité de Paris mettant fin à la guerre fut signé le 30 mars 1856 . Les négociations rétablirent pour la gestion des lieux saints le statu-quo qui avait été le prétexte initial de la guerre...
Le jeu de Rousseau était très actuel lors de son édition puisque celui-ci a cessé son activité en 1864. Par ailleurs le siège de Sébastopol a été choisi par divers éditeurs comme thème des jeux d'assaut .
Rousseau lui-même a doublé son évocation de la guerre de crimée avec ce magnifique "jeu d'assaut de Sébastopol"
La représentation de la ville est tout à fait symbolique, la ville fondée en 1783 est un port, sa base navale abrite la flotte de la mer noire.
Mais les canons qui défendaient la ville étaient bien réels et, respectant sa promesse, Napoléon III les fit fondre pour que soit réalisée la Vierge du Puy-en-Velay. Ces 150 tonnes de fonte permirent la réalisation de cette statue de 16 mètres de haut érigée sur le rocher Corneille dominant la ville. C'est une Vierge aux grands pieds (1,92mètres) pesant 110 tonnes, bénie le 12 septembre 1860, qui nous permet donc, assistée en cela par tous nos jeux de l'époque, de nous souvenir de cette guerre de Crimée.