jeux de singes....
Belle scène romantique que ce couple de singes musiciens, avec le mâle qui semble vouloir faire une pause dans l'exécution de l'opus pour échanger un baiser avec sa belle ! Cette curieuse illustration est gravée sur le dessus du couvercle d'une petite boîte en ivoire dont voici le contenu:
Il s'agit donc d'un coffret à jetons destinés aux jeux...ce petit coffret est très travaillé car dessous du couvercle et dessous de la boîte sont également décorés :
Comment dater cet objet? Rien ne le permet formellement mais sa préciosité, la calligraphie des nombres et autres éléments subjectifs nous font pencher pour la fin du XVIIIème siècle...c'est à dire à l'époque où l'on trouvait à Paris deux célèbres magasins de jeux, "le singe vert" et "le singe violet" :
Le "singe vert" est le magasin du tabletier Vaugeois , au 56 ruer des Arcis à Paris, et le "singe violet" rue Saint Honoré est celui de Biennais. ( Pour tous détails se reporter à l'article "Vaugeois tabletier connu et inconnu" de Th. Depaulis paru sur "le Vieux Papier" n°421 de juillet 2016, disponible sur le web) .
Notre coffret viendrait-il de l'un de ces magasins?
Les singes multicolores étaient donc à la mode à la fin du XVIIIème...ils le restent encore au cours du siècle suivant, nous les retrouvons ici ou là parmi les jeux de la collection. Chez Narçon c'est un singe qui accompagne les personnages de la commédia dell'arte sur ce loto comique (dessin B.Coudert):
Le plus souvent le singe est animal de cirque, parfois musicien, parfois même en Monsieur Loyal comme pour ce loto comique (litho Desolle)
Sur l' "original loto" de Saussine les singes sont au trapèze :
Un loto comique montre les singes attablés:
Mauclair-Dacier semble être le seul à avoir consacré un jeu aux primates avec le "jeu des singes". On remarquera comment la scène ci-dessus est reprise au centre de la gravure du couvercle de ce jeu:
Ce jeu des singes nous fait vivre en 3 tableaux les aventures plus ou moins véridiques d'un singe qui après une jeunesse passée dans sa forêt natale est pris au piège par un indien, qui le vend à un marin...
ce marin ramène le singe en France, le cède à un bourgeois qui s'en occupe peu et le laisse encagé...notre animal dépérit mais est recueilli par une dame fortunée...mais ce singe maladroit commet quelques bévues et casse des objets précieux comme un vase de Chine...
notre héros se retrouve à la rue et fait la quête (ici il recueille une pièce de 5F datée 1897)... puis le voici au cirque comme funambule, mais après une chute ce singe est au chômage et c'est au zoo que "pas veinard" finira sa vie !
Triste fin pour un animal capable d'un geste si affectueux (et désintéressé!) dans son milieu naturel!
Les singes continueront longtemps à nous faire rire, et c'est tant mieux!