Charles WATILLIAUX, qui étiez-vous ?
Bien des éditeurs de jeux qui font aujourd'hui le bonheur des collectionneurs nous sont totalement inconnus. Nous n'avons souvent d'eux qu'une période et une adresse d'activité, parfois un catalogue. Léon Saussine est une exception due à la longévité de sa maison et au travail de G.Beuchet. Nous allons aujourd'hui essayer de faire sortir de l'ombre la personnalité de Charles Watilliaux, l'un des éditeurs les plus créatifs de la fin du XIXème.
La biographie de Watilliaux tient en ces quelques lignes :
Charles Watilliaux est né en 1847 à Saint-Germain en Laye. Ses parents et grand-parents y étaient "marchands de drap toile et nouveautés".Il avait trois soeurs dont l'une sera la mère du dessinateur humoriste Henri Avelot.
Il effectue son service militaire et se marie en 1874, date à laquelle il prend la succession de Coqueret, et tient son établissement 33 rue Chapon à Paris. De 1886 à 1907 il sera au 110 rue vieille du Temple
De sa vie privée nous savons qu'il fut veuf jeune avec 2 filles, puis remarié il aura une fille et un garçon (décédé à un an). Il perdra l'une de ses filles et en 1916 un petit fils de 20 ans...
Décédé le 26 avril 1924 à Montfort l'Amaury où il résidait il est enterré à St-Germain en Laye.
Cette biographie est maigre mais Charles Watilliaux se dévoile par les jeux qu'il édite, en ayant très souvent le souci de les présenter à ceux auxquels ils sont destinés.Quelques exemples nous montrent un Watilliaux humoriste, d'autres montrent son humanisme ou son souci de pédagogue.
Avec "voici Pierre ", Wx s'adresse aux deux sexes :
Le jeu du Congo par lequel deux joueurs se disputent pour planter leurs drapeaux sur le sol africain inspirent à Watilliaux cette savoureuse diatribe à l'encontre des colons de tous bords :
Pour ce petit jeu "le secret d'un emballeur", Charles Watilliaux s'est essayé à un petit poème humoristique qu'il n'a sans doute pas jugé digne d'être publié
Charles Watilliaux était profondément chrétien, et sa foi en Dieu est révélée avec d'autres éléments de sa personnalité dans un petit livret qui accompagne ce jeu "la fée vaillante" ou jeu des 11 familles...ainsi voici son commentaire pour "la religion" :
Ce chrétien a t-il réussi sa vie ? Dans son long testament il exprime le regret de ne pas pouvoir transmettre en héritage à ses enfants autant qu'il a reçu lui-même de ses parents. Il a pour cela diverses explications, certaines d'ordre privé ( le décès prématuré de sa première femme, son second mariage..) . D'autres qui nous intéressent plus particulièrement sont liées aux difficultés de son commerce. Il évoque la concurrence déloyale de son ancien employé Lucien Maucler qui créera la maison MD , et aura une production très "rapprochée" de la sienne. Mais la cause essentielle est "le développement des grands magasins qui encouragent la camelote allemande et tuent les maisons de détail, qui constituent la meilleure partie de la clientèle"
En 1874 Charles Watilliaux avait acheté à crédit le fonds de commerce de Coqueret pour 30.000 Francs (90.000€ ?), auxquels il fallait ajouter l'agencement,l'outillage,le stock, les pierres lithographiques...avec les intérêts c'est 160.000F qu'il lui a fallu payer entre 1874 et 1882. Cette somme n'avait pas pu être tirée des bénéfices de l'entreprise, et Watilliaux a donc du entamer le capital et emprunter à sa mère.
Après 1882 le chiffre d'affaires est en baisse , et à la liquidation de l'entreprise en 1902 le fonds est sans valeur, la revente du matériel et des pierres est à grande perte...seul le stock de jeux est vendu à bon prixjeux !
Si les amateurs des beaux jeux de Watilliaux ont appris aujourd'hui à connaître un peu mieux la personnalité de cet éditeur attachant j'en suis ravi. Mais qu'ils sachent que si j'ai pu en donner quelques éléments c'est grâce au concours de Michelle D., qui m'a si aimablement communiqué quelques documents annexes à sa fabuleuse collection.
( les éléments de cet article que nous espérons pouvoir étoffer se retrouveront sur une page spéciale dédiée à Ch.Watilliaux, à paraître dès que possible )